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L'âme des foules
d'après Gustave Le Bon
(Extraits de pcyshologie des foules, lui se demandait
comment une idée aussi désastreuse que le socialisme
pouvait convaincre les foules)
L'organisation actuelle rend la force des foules immense. Les
dogmes que nous voyons naître auront bientôt acquis
la puissance des vieux dogmes, c'est à dire la force tyrannique
et souveraine qui met à l'abri de la discussion. Le droit
divin des foules remplace le droit divin des rois.
Chez l'individu en foule, l'intelligence s'évanouit,
les sentiments et les idées se propagent dans un même
sens par suggestion et contagion.
La vie consciente de l'esprit (l'intelligence) ne représente
qu'une très faible part auprès de la vie consciente.
Les hommes les plus dissemblables par leur intelligence ont des
instincts, des passions, des sentiments parfois identiques. Ces
qualités générales du caractère,
régies par l'inconscient, sont précisément
celles qui, chez les foules, se trouvent mise en commun. Cette
perte de conscience fait que l'individu est contaminé
par des suggestions et contamine les autres à son tour.
L'individu en foule acquiert, par le seul fait du nombre,
un sentiment de puissance invincible lui permettant de céder
à des instincts, que, seul, il eût forcément
refrénés. La foule étant anonyme et par
conséquent irresponsable, le sentiment de la responsabilité
disparaît entièrement.
Sa personnalité consciente s'étant évanouie,
l'individu sacrifie très facilement son intérêt
personnel à l'intérêt collectif. C'est
là une attitude contraire à sa nature, et dont
l'homme ne devient guère capable que lorsqu'il fait partie
d'une foule.
Par le seul fait qu'il fait partie d'une foule, l'homme descend
donc plusieurs degrés sur l'échelle de la civilisation,
ses actes sont beaucoup plus sous l'influence de la moëlle
épinière que sous celle du cerveau. Isolé,
c'était peut-être un individu cultivé, en
foule, c'est un instinctif, par conséquent un barbare.
Il a la spontanéité, la violence, la férocité,
et aussi les enthousiasmes et les héroïsmes des êtres
primitifs.
Les foules adonnées souvent à de bas instincts,
donne aussi parfois l'exemple d'actes de moralité élevés.
Si le désintéressement, la résignation le
dévouement absolu à un idéal chimérique
ou réel sont des vertus morales, on peut dire que les
foules possèdent parfois ces vertus à un degré
que les sages philosophes ont rarement atteints. Elles les pratiquent
sans doute avec inconscience, mais qu'importe. Si les foules
avaient raisonné souvent et consulté leurs intérêts
iimmédiats, aucune civilisation ne se f^t developpée
peut-être à la surface de notre planète,
et l'humanité n'aurait pas d'histoire.
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