Droit, grève, état d'israël
  

Israel : la justice interdit une greve generale illimitee
LEMONDE.FR | 03.11.03 | 09h13


Le mouvement de protestation visait la décision du gouvernement de prendre en main le contrôle des caisses de retraite des employés des services publics, en partie gérées jusqu'à maintenant par la Histadrout, et les menaces du Trésor d'annuler unilatéralement des conventions collectives par vote au Parlement.

La justice israélienne a interdit en dernière minute à la confédération syndicale de l'Histadrout de lancer, lundi 3 novembre, comme prévu, son mot d'ordre de grève générale illimitée, qui menaçait de paralyser l'ensemble de l'économie. Si une majorité relative d'Israéliens soutient les revendications de la Histadrout, une majorité beaucoup plus nette s'oppose à la grève, selon un sondage publié dimanche.

Le tribunal a toutefois autorisé la centrale, qui représente plusieurs centaines de milliers de salariés de la fonction publique, à organiser des débrayages de quatre heures, semant le doute quant au moment où le mouvement entrera en vigueur. L'Histadrout avait au départ annoncé le début de la grève pour 6 heures, heure de Paris, ce lundi.

"UNE GRÈVE INUTILE"

Ce mouvement de protestation visait la décision du gouvernement de prendre en main le contrôle des caisses de retraite des employés des services publics, en partie gérées jusqu'à maintenant par la Histadrout, et les menaces du Trésor d'annuler unilatéralement des conventions collectives par vote au Parlement.

La Histadrout entendait également s'opposer à un millier de licenciements dans les services publics prévus dans le cadre d'un régime d'austérité imposé par le ministre des finances, en vue de limiter le déficit budgétaire et de relancer l'économie après deux années de récession.

Des responsables de la centrale syndicale ont laissé entendre que la Histadrout se conformerait à l'arrêt de justice et demanderait à ses militants de reprendre le travail au bout de quatre heures. "Nous avons toujours respecté les décisions de justice en matière de travail, a déclaré un responsable. Nos avocats étudient la décision et annonceront à l'opinion quelle sera la suite des événements."

La menace d'une grève générale d'une ampleur exceptionnelle lundi en Israël avait pourtant été très forte, alors que le Trésor et la centrale syndicale n'avaient toujours pas réussi à s'entendre dimanche, quelques heures avant son déclenchement prévu.

Dans la soirée, le ministre des finances, Benyamin Nétanyahou, avait appelé au report de la grève de quarante-huit heures et à l'amorce de négociations. "Annulez cette grève inutile ou au moins reportez-la pour quarante-huit heures afin que l'on puisse amorcer des négociations intensives pour rendre possible le programme de réformes et éviter au peuple d'Israël des souffrances dont il peut se passer", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision.

UN BUDGET AUSTÈRE POUR 2004

Le mouvement, qui risquait de paralyser tout le pays, avait été amorcé par une suspension du trafic aérien dimanche après-midi. Le trafic à l'aéroport international Ben-Gourion, près de Tel-Aviv, avait été totalement suspendu durant deux heures entre 14 et 16 heures à la suite d'un mot d'ordre de grève de la puissante centrale syndicale israélienne. Les stations d'essence n'ont pas été approvisionnées en carburant dimanche, premier jour ouvrable de la semaine en Israël.

La poste, la compagnie nationale de téléphone, les ports et aéroports, les services municipaux devaient être paralysés par le mouvement, qui devrait également s'étendre aux écoles, aux banques et aux hôpitaux. Si le mouvement devait se poursuivre, le gouvernement pourrait avoir recours à des ordres de réquisition, selon la presse.

"J'espère que la Histadrout ne maintiendra pas son appel à la grève. Si la grève a lieu, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger le public et l'économie", avait averti M. Nétanyahou. Mais le directeur de la Histadrout, Amir Peretz, avait indiqué, lors d'une conférence de presse au même moment, qu'"il n'y aurait pas de compromis" si le Trésor ne suspendait pas le programme de réformes pour six mois.

La récession qui frappe l'économie israélienne, touchée par les répercussions de l'Intifada et le ralentissement économique mondial, s'est traduite par une forte poussée du chômage, qui atteint près de 11 % de la population active. Elle a été marquée également par une baisse continue des investissements, notamment étrangers, dans l'industrie.

Face à la crise, le gouvernement a privilégié pour la seconde année consécutive l'austérité en adoptant son projet de budget de l'Etat pour l'exercice fiscal 2004, qui prévoit des coupes importantes dans les dépenses sociales.

Avec AFP et Reuters

  

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