Causes et débuts de la crise de
1907
Les causes de la crise aiguë de 1907 sont doubles : surproduction
et fraude par l'utilisation du sucre. Cette crise concerne les
départements de l'Aude et de l'Hérault, les plaines
du bas Gard et des Pyrénées orientales dont
l'économie est presque entièrement basée
sur la viticulture.
Les premières manifestations
Le 11 mars 1907, une centaine de paysans travailleurs de la commune
d'Argeliers (Aude), se rendirent à Narbonne pour exiger
d'être entendu par la commission d'enquête parlementaire
sur la crise viticole. Ils déposèrent longuement.
Encouragés par cette manifestation, ils commencèrent
une tournée dans les villages environnants et décidèrent
la création d'un Comité central de défense
agricole ( comité d'Argeliers).
Le « Rédempteur »
Le président de ce comité était un petit
propriétaire Marcellin Albert. Sa popularité grandit
rapidement. Jusqu'au 22 juin, il symbolisa véritablement
le mouvement.Il fit accepter, par tempête des méthodes
d'action de plus en plus vigoureuses. Pour des centaines de milliers
de travailleurs, il était celui qui allait les tirer de
leur misère : il était le « rédempteur
». Dès la mi-juin, il fut dépassé
par les masses populaires.
Le tocsin
Le comité d'Argeliers eut un organe hebdomadaire : «
le tocsin », dont voici un extrait :
Qui nous sommes ?
Nous sommes ceux qui travaillent et qui n'ont pas le sou,
Nous sommes ceux qui crèvent de faim.
Nous sommes ceux qui ont du vin à vendre et qui ne trouvent
pas toujours où le donner ;
Nous sommes ceux qui sont endettés, les uns jusqu'au cou,
les autres par-dessus la tête,
Nous sommes ceux qui aiment la République, ceux qui la
détestent et ceux qui s'en foutent ;
Nous sommes des miséreux, des miséreux qui ont
femme et enfants et qui ne peuvent pas vivre de l'air du temps
;
Nous sommes ceux qui ne veulent plus crever de faim.
Les gueux se lèvent
Le 31 mars, premier meeting viticole à Bize (Aude) ; 400
à 500 ouvriers agricoles.
Désormais, chaque dimanche, des meetings furent tenus,
s'élargissant sans cesse.
Le 5 mai, à Narbonne, premier grand rassemblement : 45
000 personnes.
Les délégués de chaque commune défilaient
derrière les tambours et clairons de leur village avec
des pancartes « mort aux fraudeurs ! Debout pour combattre
la fraude ! Le sucre, voilà l'ennemi » « lou
dernié croustèt » « Pas de revenu !
Pas d'impôts ! vivre en travaillant ou mourir en combattant
! Les drapeaux tricolores des communes flottaient au-dessus du
cortège, mais aussi quelques drapeaux rouges.
Les manifestants défilaient en général sans
cris, sans chants, dans un calme absolu. Aussitôt après
le défilé, commençait le meeting.demandant
au gouvernement de porter remède à la crise et
se terminant par un appel à l'union sans distinction de
parti. Puis une délégation se rendait à
la mairie.
Le 12 mai 120 000 manifestants à Béziers Il y en
eut 170 000 à Perpignan le 19 ; 270 000 à Carcassonne,
Le 9 juin, enfin, ce fût la formidable vague de Montpellier,
où se concentrèrent 500 000 manifestants. Très
souvent, les gares étaient envahies et les trains pris
d'assaut. Beaucoup de travailleurs venaient aussi avec leurs
moyens de locomotion.
Des percepteurs d'impôts sont chassés des villages.
Action convergente d'intérêts
divergents
Le comité d'Argeliers désirait rester sur un terrain
économiquement « neutre ». « Pas de
politique ! » disait Marcellin. Cependant, plusieurs tendances
allaient d'abord collaborer : D'une part, celles des gros propriétaires,
soucieux, d'utiliser la crise pour diminuer leur charges; «
réactionnaires », ils saisirent aussi cette occasion
d'attaquer le gouvernement radical de Clemenceau, dans lequel
ils visaient surtout les timides projets d'impôts sur le
revenu (lien).D'autre part, les socialistes, représentant
à la fois et la classe ouvrière et la petite paysannerie,
poussaient aussi vigoureusement à l'action contre les
méthodes répressives du gouvernement. Le mouvement
fur soutenu par le parti socialiste et les syndicats d'ouvriers
(industriels et agricoles)
Enfin, la petite bourgeoisie « anticléricale »
et radicale, les « bons républicains », fut
d'abord entièrement débordée. Après
le mouvement, à partir du 20 juin, ils firent tout pour
le saborder.
Levée révolutionnaire
Le mouvement prenait d'ailleurs, par l'action directe des masses,
une orientation révolutionnaire.
La première forme d'action fut la grève de l'impôt.(lien).
Déjà, en 1906, elle avait éclaté
à Baixas (Pyrénées-Orientales) où
400 saisies prononcées ne purent avoir lieu, tout le village
s'y étant opposé. En 1907, plusieurs villages imitèrent
ceux de Baixas.Le 12 mai, , est lancé l'ultimatum au gouvernement
: Si, à la date du 10 juin, il n'a pas pris les mesures
nécessaires à faire cesser la crise, la grève
des contribuables sera proclamée.
En même temps que la grève de l'impôt, le
9 juin, fut lancée l'idée de la démission
des corps élus.
Le 15 juin, le Comité d'Argeliers décidait la constitution
de fédérations départementales qui, sous
sa direction, constitueraient une conférence générale.
Les paysans travailleurs se préparaient à entrer
en lutte ouverte avec l'Etat bourgeois.
Les soldats avec les travailleurs
Leurs forces pouvaient d'ailleurs compter sur une grande partie
de l'armée ; les régiments en garnison dans le
Midi étaient, en effet, recrutés régionalement.
De leur coté, les paysans travailleurs ne les oubliaient
pas : « Vin aux soldats ! » portaient les pancartes
des manifestants. En toute occasion, ouvriers, paysans et surtout
les femmes expliquaient aux soldats les buts du mouvement et
les appelaient à fraterniser avec le peuple.
Or, depuis le 19 mai, les mesures d'ordre étaient de plus
en plus sévères. Des troupes de la régions
lyonnaises, ne cessaient d'arriver. Les soldats commencèrent
à protester contre leur consigne tous les samedis et dimanches.
Dans les casernes, les incidents se multipliaient. C'est au chant
de l'internationale, qu'ils avaient lieu.
Déjà, le 9 juin, les soldats du 100° d'infanterie,
montés sur les toits de la caserne qui domine la voie
ferrée Narbonne-Perpignan, acclamaient les manifestants
revenant de Montpellier. Vers 9 heures du soir, les officiers
de garde furent hués, l'internationale retentit, et les
sous-officiers et soldats manifestèrent jusqu'à
11 heures. Le 13, en toute hâte, le régiment avait
dû être envoyé au camp de Larzac. Il en avait
été de même du 12°, à Perpignan.
La bataille
Mi-juin, les autres départements viticoles commençaient
d'ailleurs à s'agiter. Le gouvernement radical de Clemenceau
commença à s'inquiéter sérieusement
de la répression en guise de solution à la crise.
Il accumula gendarmerie, police et troupe du Centre et du lyonnais
dans la région viticole. En même temps, il commençait
à retirer les régiments à recrutement régional.
Il négociait avec les maires pour leur faire reprendre
leur démission. Mi-juin, il était prêt. Alors,
ordre fut donné d'arrêter le Comité d'Argeliers
et le docteur Ferroul, Clemenceau se démasquait et cherchait
la bataille. Il l'eut !
Le parquet de Montpellier signait, le 18 juin, un mandat d'amener
contre marcellin Albert et le Comité d'Argeliers et le
docteur ferroul, pour « avoir, par leurs excitations et
leurs discours, provoqué la révolte ». Le
prétexte était le mise au pillage de plusieurs
postes de Police à Béziers, lors de la manifestation
du 16 mai. Mais la riposte se préparait.
Dès le 16 juin, toute la population était sur pied
dans les localités intéressées. C'est avec
les plus grandes difficultés que le docteur Ferroul put
être arrêté à Narbonne ( l'effectif
d'un régiment, et une compagnie du 139°) Avec encore
plus de difficultés, à cause de la rupture des
ponts et des barricades, 370 gendarmes et le 13° chasseurs
à cheval arrêtèrent à Argeliers les
membres du Comité. Marcellin Albert s'était mis
à l'abri.
Dès que les arrestations furent connues, ce fut une colère
terrible chez les « gueux ». Elle commença
par une véritable chasse à tout ce qui ressemblait
à un policier. Les gendarmes et les officiers sont menacés
et insultés, assaillis en toute occasion, les soldats
d'infanterie acclamés. La foule leur crie : « Crosse
en l'air tirez sur vos officiers. » Mais les cavaliers
sont sifflés et hués.
Dès le soir du 19 juin, les barricades commencent à
se dresser à Narbonne. La sous-préfecture est assaillie
par 2000 manifestants ; un bataillon du 139° a peine à
se défendre. Il fallut l'intervention du 80° pour
se dégager. Pendant ce temps, tout le 10° cuirassiers
chargeait sur le boulevard Gambetta. Les cavaliers devaient franchir
des barricades, tandis que des tonneaux étaient lancé
sur les chevaux qui s'écroulaient. Le 1er escadron, à
peu pprès hors de combat, dut être relevé.
Alors, les cuirassiers ouvrirent le feu sur les maisons. Ramon,
ancien secrétaire adjoint de la Bourse du travail, est
tué ; Grangier et la fille de Ramon, âgée
de vingt-deux ans et m ère de famille, grièvement
blessés.
Alors, ce fut une colère terrible. Suivant le procédé
policier classique, Clemenceau était sûr d'avoir
sa flaque de sang. Au début de l'après-midi du
20 juin, à Narbonne, le commissaire Guillaume et les agents
de la Sûreté Ponce et Grossot furent assaillis et
roués de coups. Ce dernier furent jetés dans le
canal. Des passants l'en retirèrent et le menèrent,
malgré la foule qui le frappait, à l'hôtel
de ville, gardé par un détachement du 139°.
Ces soldats, originaires du Cantal, étaient arrivés
depuis quarante-huit heures, harassés du voyage et des
gardes. Un peloton d'armes encadre le perron de l'hôtel
de ville, baïonnette au canon. Ils se croient attaqués,
à la vue de la foule qui poursuit l'agent de la Sûreté.
Un policier tire un coup de revolver ; aussitôt, les soldats
tirent. Quatre morts, une dizaine de blessés jonchent
le sol. Parmi les morts, une jeune fille de dix-sept ans, Cécile
Bourrel.
Naturellement, les violences du 19 juin à Narbonne contribuèrent
à soulever encore dans toute la région l'indignation
provoquée par les arrestations. Le soir du 20, la préfecture
de Perpignan, prise d'assaut, brûlait. Et l'esprit de révolte
était tel qu'il me souvient encore d'avoir réclamé
le dépavage de la rue pour être prêt à
attendre le choc du 24° colonial. La préfecture fut
envahie, le feu mis au grand salon. Le préfet était
caché dans les combles avec le commissaire spécial
; s'il avait été découvert, il eût
été lynché.
A Montpellier, pendant quatre jours, du 19 au 22 juin, les bagarres
se déroulèrent, tandis que les charges de cavaliers
se heurtaient à des barricades et aux fils de fer tendus
en travers des boulevards.
La mutinerie du 17°
Et c'est alors qu'éclata, comme un coup de foudre, la
mutinerie du 17° d'infanterie.
Précisément, les réservistes étaient
appelés pour vingt-huit jours.
L'agitation était telle, parmi les soldats du 17°
d'infanterie en garnison à Béziers, que l'état-major
s'efforçait à tout prix de les éloigner
de la ville, où les syndicats menaient une active propagande
de fraternisation.Le départ pour les manuvres était
décidé pour le 3 juin, mais il du être remis
à plusieurs reprises, tant était grande l'excitation
des soldats qui ne voulaient pas quitter la ville. Ce n'est que
dans la nuit du 18 au 19 juin que deux bataillons partirent pour
Agde pour y effectuer les tirs de guerre. Encore fallut-il toute
la gendarmerie de Béziers pour contenir la foule qui entourait
la citadelle et s'efforçait d'empêcher le départ.
A la nouvelle des bagarres du 19 juin, à Narbonne, bien
des soldats déclaraient qu'il fallait « aller défendre
les nôtres qu'on assassine ». Le soir du 20, une
patrouille de gendarmes ramenant à la caserne des retardataires
provoqua le premier incident.
Le clairon sonne l'alerte générale, les soldats
s'arment, pillent la poudrerie, se forment en colonne et marchent
sur Béziers. Ils sont environ 500 hommes. C'est un caporal
qui commande.
A 4 heures du matin, on aperçut au loin le général
Lacroisade et un piquet d'escorte. Les clairons sonnent «
cavalerie en avant ». La compagnie de tête se déploie
en tirailleurs et ouvre le feu.
Alors le général envoie un parlementaire. Refus
de discuter. Les compagnies du 81° barrent la route. Mais
les mutins sont résolus. Un ordre : le 81° recule,
laisse le champ libre. Le 17° passe. Il entre triomphalement
dans Béziers, à 7 heures, musique en tête
et crosse en l'air. Il campe sur les allées Paul-Riquet,
où la population l'acclame et ravitaille les mutins. La
gendarmerie approchant, est reçue par plusieurs feux de
salve. Elle se retire.
Dans la nuit, la nouvelle de la révolte atteint Lodève,
où le 142° était alerté. Il faut 3 heures
pour former le train. Pendant ce temps, 3000 travailleurs accourus
à Paulhan des communes voisines, cheminots et paysans,
déboulonnaient les rails de la voie ferrée et arrêtaient
le 142°, qui était transporté à Vias
pour arrêter la marche du 17° sur Béziers. Le
colonel du accepter de faire retourner le régiment dans
sa garnison. Le sous-préfet de Lodève accourt,
il est arrêté par les manifestants.
L'effet fur énorme dans toute la France. C'est d'alors
que date cette chanson : Salut, salut à vous, braves
soldats du 17°.
Le point critique
Mais la mutinerie du 17° fut le point critique du mouvement.
A ce moment décisif de la révolte du Midi, les
intérêts des gros capitalistes étaient directement
en cause. Il est clair que le mouvement ouvrier, les paysans
pauvres, les paysans soldats commençaient à dominer
le mouvement. Dès lors, les gros propriétaires
n'acceptaient plus de mettre en péril leurs intérêts.
L'aile opportuniste du parti socialiste était déjà
capitularde. Gros propriétaires réactionnaires
et socialistes opportunistes ne pouvaient admettre la perte du
17°.
Les uns et les autres ne cherchèrent donc plus qu'à
empêcher le mouvement de s'accentuer dans la lutte pour
les véritables intérêts des vignerons. Devant
le danger, le bloc de classe se reconstitua, des gros propriétaires
« réactionnaires » aux socialistes opportunistes,
en passant par les radicaux.
Le comité de défense viticole de Béziers
exprima nettement ces intérêts en intervenant pour
faire rentrer à la citadelle les mutins du 17.
La mutinerie du 17° eut cependant une profonde répercussion
dans les milieux ouvriers. La fraction révolutionnaire
du parti socialiste et la CGT l'approuvèrent hautement.
Et l'enthousiasme qu'elle provoqua dans tout le prolétariat
vint encore montrer le danger aux diverses couches de la bourgeoisie
et de la petite bourgeoisie du Midi et, par suite, la nécessité
pour elle d'un freinage rapide de la révolte des viticulteurs.
Le traquenard de Clemenceau
Un coup de théâtre devait contribuer puissamment
à jeter le trouble dans les esprits et faciliter le sabotage
du mouvement.
Marcellin Albert, qui avait échappé à l'arrestation,
s'était présenté, le 23 juin, à Clemenceau,
à Paris.
Confiant en la « justice de la cause des gueux »
,il accepta de s'efforcer de ramener le calme. Au moment de partir,
il s'aperçut qu'il n'avait même pas la somme nécessaire
pour payer son billet de retour. Alors, Clemenceau lui donna
100 francs.
Puis, Clemenceau annonça par la presse le repentir de
marcellin et soulignait qu'il lui avait remis 100 francs. Celui-ci
était à jamais discrédité. Il était
un vendu. Le 26 juin, entrait à la prison de Montpellier,
sans un seul incident, cet homme dont, huit jours avant, l'arrestation
eût déchaîné l'insurrection du Midi
viticole.
Résultats
Une loi contre la fraude (contrôles et taxes) est votée
le 29 juin.
Une remise d'une partie des impôts des années précédentes
est décidée fin août.
Les troupes qui occupaient le Midi sont retirées.
.
Ma vidéo sur ce mouvement et
autres manifs paysannes
La
version
complète du mouvement viticole de 1907
par André Marty (8 pages, format word)
L'université populaire de St-Denis
Dyonisos cite le texte de de André Marty !
Légitime était votre colère,
Le refus était un grand devoir.
On ne doit pas tuer ses père et mère,
Pour les grands qui sont au pouvoir.
Soldats, votre conscience est nette :
On ne se tue pas entre Français ;
Refusant de rougir vos baïonnettes
Petits soldats, oui, vous avez bien fait !
Comme les autres vous aimez la France,
J'en suis sûr même vous l'aimez bien.
Mais sous votre pantalon garance,
Vous êtes restés des citoyens.
La patrie, c'est d'abord sa mère,
Celle qui vous a donné le sein,
Et vaut mieux même aller aux galères,
Que d'accepter d'être son assassin.
Espérons qu'un jour viendra en France,
Où la paix, la concorde régnera.
Ayons tous au cur cette espérance
Que bientôt ce grand jour viendra.
Vous avez jeté la première graine
Dans le sillon de l'Humanité.
La récolte sera prochaine,
Et ce jour-là, vous serez fêtés.
Salut, salut à vous,
Braves soldats du 17ème ;
Salut, braves pioupious,
Chacun vous admire et vous aime ;
Salut, salut à vous,
A votre geste magnifique ;
Vous auriez, en tirant sur nous,
Assassiné la République.
Pour
des photos du mouvement,
aller surun
autre site
La
version
complète du mouvement viticole de 1907
par André Marty (8 pages, format word)
Légitime était votre colère,
Le refus était un grand devoir.
On ne doit pas tuer ses père et mère,
Pour les grands qui sont au pouvoir.
Soldats, votre conscience est nette :
On ne se tue pas entre Français ;
Refusant de rougir vos baïonnettes
Petits soldats, oui, vous avez bien fait !
Comme les autres vous aimez la France,
J'en suis sûr même vous l'aimez bien.
Mais sous votre pantalon garance,
Vous êtes restés des citoyens.
La patrie, c'est d'abord sa mère,
Celle qui vous a donné le sein,
Et vaut mieux même aller aux galères,
Que d'accepter d'être son assassin.
Espérons qu'un jour viendra en France,
Où la paix, la concorde régnera.
Ayons tous au cur cette espérance
Que bientôt ce grand jour viendra.
Vous avez jeté la première graine
Dans le sillon de l'Humanité.
La récolte sera prochaine,
Et ce jour-là, vous serez fêtés.
Ma vidéo sur ce mouvement et
autres manifs paysannes
Un gréviste 1955 :
Une joie intense m'envahit, libre de mes mouvements je me révèle
soudain à moi-même. Les siècles de servitudes
de mes ancêtres remontent du tréfond de mon âme
pour me pousser au défoulement libérateur. Alors
furieusement, j'ai foncé dans la mêlée. Dans
un état second je me suis libéré, je ne
garde qu'un souvenir confus des minutes qui suivirent. Je me
souviens d'avoir évité quelques crosses voltigeantes,
piétiné des hommes en uniforme, d'autres en bleu
de travail, mais surtout, je me rappelle que j'avançais
toujours, que nous avancions, que les CRS reculaient, [...]